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Cancer du col de l’utérus : Une maladie qui fait des ravages dans le silence

Le cancer du col de l’utérus est une affection qui touche la partie la plus basse de l’appareil génital féminin à savoir l’utérus. Provoqué par le ‘’papillomavirus humain’’, cette pathologie est contractée lors des relations intimes. Le cancer du col de l’utérus est responsable de saignement excessif, de douleurs pelviennes, de secrétions anormales ou malodorantes, une fatigue générale excessive, de l’anémie, et provoquant dans les plus graves des cas, la mort. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), au Niger, 15% des cancers enregistrés sont des cancers du col de l’utérus avec plus de 669 cas de cancer du col de l’utérus détectés en 2023. Il constitue le 2e cancer le plus répandu dans le pays après celui du sein.

Quatrième cancer le plus courant chez la femme avec 660.000 nouveaux cas détectés en 2022 selon le site du World Health Organization (WHO), le cancer du col de l’utérus ôte la vie aux femmes chaque jour à travers le monde. Diagnostiqué grâce à un test de coloration IVL et IVA qui permettent de savoir si le col est saint ou si ce dernier présente une coloration blanchâtre, cette maladie génitale peut apparaitre de manière spontanée ou à la suite d’une consultation gynécologique.

Selon Dr Ramatoulaye Diop, Médecin Généraliste et Directrice de la clinique Afoua, le cancer du col de l’utérus peut ne pas présenter des signes cliniques mais, peut se manifester par des saignements en dehors des règles qui sont plus abondants que pendant la période menstruelle. « Ce saignement de couleur rouge peut apparaitre de manière spontanée lors des rapports sexuels, lors de la toilette intime au toucher du col ou, au cours d’une consultation gynécologique », a-t-elle expliqué. Hormis ces examens, en cas de détection des signes favorables de la présence d’un cancer, un frottis cervical s’impose. Ce dernier est, d’après le médecin, un examen plus approfondi cliniquement adapté pour déterminer les cellules cancéreuses. « Après le frottis cervical vaginal, on peut effectuer d’autres examens supplémentaires comme la colposcopie qui est un examen microscopique qui permet de regarder l’état de l’utérus, du col et du vagin », a souligné Dr Ramatoulaye Diop. Lorsque le cancer du col de l’utérus est à un stade avancé, ce dernier se diffuse en masse dans d’autres organes indispensables de l’appareil génital féminin présents dans le pelvis à savoir la vessie, le rectum, l’utérus et le vagin.

Les causes de cette tumeur potentiellement mortelle sont multiples et variées. En effet, le virus qui occasionne cette pathologie par voie sexuelle appelé « Papillomavirus humain» est, selon Dr Ramatoulaye, un virus qui est à 95% présent lors d’un cancer du col de l’utérus. Mais, ce dernier se transmet plus rapidement lors d’une multiplication des partenaires, en cas d’une précocité du rapport sexuel ou d’une hygiène défectueuse. Contrairement à une idée répandue, les produits aphrodisiaques et cosmétiques consommés ou utilisés par plusieurs femmes nigériennes, ne peuvent être la cause d’un cancer du col l’utérus.
« Néanmoins, ils peuvent causer des inflammations qui révèleront la présence ou l’existence d’un cancer », précise le médecin.

Prise en charge et moyens de lutte

Dr Ramatoulaye explique que le traitement du cancer du col de l’utérus dépend de l’état d’avancement de la maladie et se fait sous le contrôle de deux (2) spécialistes dont l’oncologue et le gynécologue qui contribuent au bon fonctionnement du traitement adapté à chaque stade du cancer. « On a également d’autres traitements comme la chirurgie pour les femmes désirant encore procréer ou non, la chimiothérapie, et la radio thérapie », a-t-elle ajouté. « La prise en charge des patientes atteintes du cancer du col de l’utérus est gratuite au Niger, conformément aux dispositions en vigueur », rappelle le médecin.

La sensibilisation demeure l’outil primordial de lutte contre le cancer en ce sens qu’elle permet de dépister un nombre important de femmes contre l’agent causal de la maladie qui est le « papillomavirus », mais aussi le dépistage systématique des légions précancéreuses qui peuvent se faire auprès des spécialistes dans les formations sanitaires de référence.

Au regard de la dangerosité de la maladie, plusieurs actions sont recommandées par les spécialistes dont celles consistant à vacciner les jeunes filles de 9 à 14 ans, éviter les comportements sexuels à risque, « les partenaires multiples » facteur d’installation du virus et faire attention à son hygiène corporel. « Vaux mieux prêcher par excès que par défaut » vu que toutes les femmes détectées lors des dépistages systématiques ont 90 % de chance de guérir.

Des témoignages émouvants

Hadiza explique comment le cancer du col de l’utérus emporta finalement sa meilleure amie en 2023 après plusieurs années de lutte. « C’est au retour d’un voyage que Fatouma tomba gravement malade. Aussitôt, sa famille la transporta dans une formation sanitaire pour une prise en charge. Les médecins avaient premièrement diagnostiqué un paludisme. Après une hospitalisation de quelques jours, Fatouma rentra à la maison. Quelques jours plus tard, elle retomba de nouveau malade ; ce qui la conduisit au centre de santé. Elle a subi une intervention chirurgicale au niveau de l’anus. Par la suite sa situation s’aggrava parce qu’elle courait d’hôpital à hôpital et d’examen à examen.  L’on parvient difficilement à découvrir que Fatouma souffrait du cancer de col de l’utérus. C’était un choc dure pour moi et la famille au vu de son si jeune âge. Après la découverte de la maladie, le train de vie de Fatouma changea radicalement et le cancer la rongeait lentement parce qu’elle a été diagnostiquée au stade terminal », raconte Hadiza, les larmes aux yeux.

Pour sa part, Malika confie avoir vécu avec sa tante décédée du cancer de l’utérus il y’a de cela 2 ans. « C’est après plusieurs consultations que ma tante découvre qu’elle était atteinte du cancer du col de l’utérus. La maladie a atteint déjà un stade avancé et son pronostic vital était engagé.  Elle était désespérée de cette vie. Nous l’avions pleuré des jours et des nuits car la maladie la rendait de plus en plus faible. C’était le 8 juillet 2022 qu’elle est décédée de cette maladie à l’hôpital National de Niamey », se rappelle Malika avec un pincement au coeur.

Rachida A. Kané (stagiaire) de ONEP

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